top of page
architecture d'Iran : conflit d'intérêt ?

Il y a encore quelques années, les villes historiques d'Iran représentaient des exemples parfaits de conservation d'architecture vernaculaire et traditionnelle. Kashan, ville située sur le bord du désert central iranien, aborde une architecture ancestrale en terre compatible avec son environnement climatique (température chaude, air sec, etc.). Cette architecture de terre traduit une compréhension impressionnante de la relation entre l'homme et la nature. Pour autant, une route de 60m de large a été construite dans son centre-ville, démolissant de nombreux bâtiments historiques. Dans ces villes historiques, les plans de développement urbain n'ont pas encore trouvé d'équilibre parfait entre la sauvegarde des valeurs historico-culturelles et la nécessité de modernité.

 

En Iran, le concept de développement s'oppose aisément à la conservation du patrimoine culturel iranien. Pourtant, le patrimoine culturel tangible et intangible peut participer au processus de développement du pays seulement s'il est soutenu par des lois protectrices et actualisées. L'absence d'une législation actualisée cause des difficultés juridiques et administratives pour une sauvegarde du patrimoine menacé par des projets urbains en pleine expansion depuis l'après-guerre Iran-Irak (1980-1988). Dans ce contexte, la municipalité de Téhéran a appliqué de nombreuses politiques pour assurer un développement urbain et une augmentation de ses revenus économiques. Ces politiques ont entrainé des constructions majeures à Téhéran, en particulier dans le nord de la ville. En quelques années, ce quartier nord réputé pour ses maisons traditionnelles et ses jardins perses, est devenu une vaste zone de gratte-ciel modernes causant la destruction de tout un patrimoine.

 

L'inefficacité structurelle des organisations responsables de la protection du patrimoine culturel a permis aux projets de développement d'ignorer les valeurs économiques, sociales et culturels du patrimoine iranien, et notamment des centre-ville historiques. Cependant, une attention particulière s'est portée sur la conservation et à la restauration du patrimoine entre 1960 et 1970, mais celle-ci ne touche que certaines exceptions telles que le site de Persépolis. Les projets se sont limités à des sites anciens et monuments considérés comme « importants », soit un patrimoine pouvant démontrer le « passé doré » iranien ou valoriser le « génie » de la civilisation perse, délaissant alors la protection de l'architecture vernaculaire et les techniques traditionnelles.

 

Cependant, la prise de conscience s'est renforcée ces dernières années. Le gouvernement intègre désormais les organisations gouvernementales (ICHHTO) et non-gouvernementales du patrimoine culturel aux projets urbains, une solution pour sauvegarder les centres historiques et les intégrer dans la vie contemporaine des villes. Il autorise également les organisations gouvernementales et les ministères à acheter des bâtiments historiques pour les préserver. Cette disposition légale pourrait être modifiée afin que la permission devienne obligation. En effet, si la loi oblige les organismes privés à consacrer une partie de leur budget à l'achat et à la réutilisation de bâtiments historiques, un grand nombre de ces biens pourraient être sauvés.

bottom of page