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thaïlande : tourisme disneylansisé

En Thaïlande, le tourisme culturel et responsable peine à se faire une place parmi un tourisme de masse retentissant. Ce tourisme de masse utilise la culture comme un moyen économique où toutes les parades de divertissement sont permises. Ce phénomène est appelé « disneylandisation du tourisme ».

 

Ces deux tourismes, qu'à prime abord tout oppose, ont des difficultés à s'équilibrer en Thaïlande. Le pays attire un tourisme de masse géographiquement concentré. La surpopulation touristique se constate dans le Sud du pays où les voyageurs recherchent la plage et dans le Nord, sollicité pour sa nature et ses animaux. Quant à Bangkok, elle reste une ville de transit entre deux destinations. Pourtant, un tourisme culturel existe en Thaïlande : celui des temples, de l'architecture et des parcs régionaux. Le pays dispose d'un patrimoine naturel et culturel extrêmement riches, des ressources touristiques variées. Mais la demande émane principalement du tourisme dit domestique, soit des thaïlandais. Il suffit de se rendre dans le parc national de Khao Yai pour le constater.

 

La difficulté d'équilibre entre ces deux consommations touristique s'opère à plusieurs échelles. Le tourisme de masse recherche des activités touristiques façonnées sur mesure, poussant parfois au vice en proposant un tourisme animalier ou un tourisme sexuel. La Thaïlande donne l'idée d'un impossible rendu possible où la question de la moralité se pose. Si de nombreuses initiatives sont prises pour limiter l'exploitation des animaux à des fins touristiques, les ravages de la surpopulation touristique sur les côtes et la prostitution sont des enjeux problématiques. Depuis des années, les autorités thaïlandaises sont dépassées par les arrivées touristiques, les obligeant à prendre des mesures drastiques telles que la fermeture de l'accès à certaines îles pour repeupler une biodiversité en péril. Mais ce cercle vicieux de la débauche et de la consommation touristique est instauré à la fois dans l'esprit des thaïlandais mais surtout dans l'imaginaire collectif. Dans ce contexte, il est difficile pour la Thaïlande de se défaire de son image touristique.

 

Le tourisme de masse, pour autant, ne s'oppose pas au tourisme culturel, ils sont même combinés par beaucoup de voyageurs souhaitant mêler la plaisir à la culture. Malheureusement, c'est dans ce contexte que la culture est tournée de sorte à être consommée par le plus grande nombre. Les animaux sont mis en scène et utilisés à des fins touristiques. Les aspects culturels sont utilisés pour prétendre à une authenticité. La sexualité est utilisée comme une arme de séduction massive. Le tout, dans un pays économiquement dépendant du tourisme. Des enfants sont alors déguisés pour que les touristes puissent les prendre en photo à l'entrée d'un temple, les femmes girafes de Chiang Mai sont éparpillées dans un village pour vendre leur tissus en donnant l'impression d'une vie réelle. En réalité, ces femmes, hommes et enfants sont mis en scène dans un décor façonné par l'industrie du tourisme. Tout est fait pour que les voyageurs les plus résistants succombent à la tentation des vices mis en place.

 

Le phénomène de disneylandisation n'est évidemment pas propre à la Thaïlande. Utilisée dans le monde entier, la singularité culturelle est un appât pour beaucoup de territoires dans un monde où le tourisme est perçu comme une économie salvatrice. Également, s'il est vrai que cette disneylandisation des cultures a permis à de nombreuses communautés de retrouver des pratiques perdues au fil des siècles, la Thaïlande a encore des difficultés à faire valoir un tourisme sain.

 

Cette série de photographies met en parallèle le patrimoine culturel de la Thaïlande et la mise en scène des cultures pour répondre au tourisme de masse. Pour autant, elle ne permet pas de visualiser la « masse », elle la suggère.

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